CHIRAC-RAFFARIN-SARKOZY m’(ont) « tuer »

Publié le par Etienne Mercier

Séance budgétaire ce matin au Conseil général de Seine Saint Denis. Que les visiteurs et visiteuses se rassurent, je vais leur épargner un discours long et ennuyeux. C’est un blog, pas le journal officiel.

Ceci dit, parler budget en Seine Saint Denis, ça vous fait tout de suite comprendre, au-delà des clichés vus à la télévision, notamment pendant les émeutes à Clichy sous Bois, ce que département pauvre, enclavé et précarisé veut dire.

Donc, pendant que les Hauts de Seine, Département voisin dirigé par le candidat -Président - Ministre il y a encore un jour – attribue ses millions à la pelle, notamment vers les communes qu’il apprécie comme Levallois, Neuilly ou encore Puteaux, mon Département déguste la décentralisation, dernier avatar anti-pauvre d’un Etat libéral irresponsable et incapable. Dernier cadeau d’un RAFFARIN à bout de souffle balayé par un référendum un soir de mai (si-si, souvenez vous : « ze yes nid ze no tou ouine aguaine ze no ! »…).

Je me résume : déjà peu favorisé fiscalement car concentrant sur son territoire beaucoup de  populations précaires, notre département s’est vu récupérer la gestion du RMI puis celle, cette année, des routes nationales, en application de la loi de décentralisation. A chaque fois, « naturellement », la manne financière censée compenser ce transfert est notoirement insuffisante. Ce qui crée entre les départements des inégalités exponentielles car pendant que le département voisin se développe en finançant (car il le peut) ses projets, le notre a recours à l’emprunt pour entretenir l’existant et tenter de donner des réponses à une population dans le besoin.  L’argent va à l’argent, la dette à la dette. Ce n’est pas compliqué à expliquer ni à comprendre. C’est l’écueil d’une décentralisation libérale et de droite. Le contraire de celle de DEFFERRE en 1983 qui avait alors imaginé une France plus proche de ses citoyens et donc des services publics plus efficaces et mieux adaptés.

Etablir un budget dans ces conditions relève donc de l’exploit. Chacun comprendra ici que je ne souhaite pas accabler nos partenaires communistes même si, par ailleurs, je n’irai pas jusqu’à délivrer un satisfecit total au budget adopté pour cette année 2007. En tout, l’effort est net. La volonté de redresser ce département malgré tout est visible et le courage ne manque pas. D’autant que dans ce cauchemar financier, le département n’abandonne pas le cap : l’éducation, la modernisation et le social (logement, transports, tarification, handicapés…). Ca me va.

Ce qui ne va pas cette année, comme les autres années, c’est la difficulté récurrente pour certains à rompre avec la mégalomanie de projets à l’impact incertain dans la situation actuelle. Celui d’AGORA par exemple, intéressant sur le papier, mais cher et en concurrence avec des projets autrement prioritaires comme celui de la maison départementale pour personnes handicapées. Ou encore la cinquième édition de « Terre en tête », déjà en route, qui nous est imposée de fait mais dont on ne sait quel en est l’impact réel. Ajouté à cela un budget de la communication « très costaud » sans cesse augmenté et un audit global de fonctionnement sans cesse repoussé et vous comprendrez que l’on ne peut pas être pleinement satisfait.

Mais enfin ce budget est correct et remplit sa mission globalement, sans exploser l’emprunt, en stabilisant la fiscalité, ce qui était impératif et que nous revendiquions depuis longtemps avec les socialistes.  Il permet même que des secteurs comme le logement, l’emploi ou les transports pour les jeunes soit d’avantage investis. C’est une bonne chose.

 

Reste qu’il va manquer 340 millions d’Euros (plus de 2 milliards de Francs !) que l’Etat aura gardé pour lui pendant son tour de magie décentralisatrice. Cela correspond à l’argent manquant depuis janvier 2004 pour gérer le RMI, l’ADPA, les TOS, la PCH et la création de la MDPH.

 

 

Si on ajoute à cela le transfert des routes nationales depuis ce mois de janvier, on imagine aisément les difficultés futures ! En tant que Vice-Président du Conseil régional d’Ile de France en charge des transports, j’observe que le contrat sur les routes se fait attendre et connaissant l’état de celles de Seine Saint Denis, je suis très inquiet. L’Etat a évalué le transfert à 3 millions d’Euros alors que l’entretien devrait être de 15 millions ! Soit 5 fois plus ! Or les deux tiers du réseau routier de Seine Saint Denis sont dans un état médiocre, voire mauvais.

A l’insécurité sociale, nous devrons donc ajouter l’insécurité routière et aussi économique car notre réseau routier participe de notre capacité à développer le territoire et à bien y vivre.

Foin de long discours, cette décentralisation meurtrière pour notre département est bien celle de la Droite. La Seine Saint Denis a besoin que l’Etat apporte son soutien pour organiser la solidarité, faire éclore les talents et se développer durablement. Il n’est d’ailleurs pas trop tard. C’est la période qui veut ça. Mais un vote à Gauche aux prochaines présidentielles serait un signal fort que les choses pourront vraiment changer.

C’est le moins que l’on puisse souhaiter à la population de Seine Saint Denis.
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